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La « société ouverte » norvégienne face au fondamentalisme chrétien anti-immigration

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Bergson et Popper ont, en leur temps, introduit le concept de « société ouverte » pour définir ces pays dans lesquels la transparence, la tolérance et le respect d’autrui sont de mise. Au contraire de beaucoup d’autres concepts politiques, celui-là est loin d’être utopique. Néanmoins, la tuerie orchestrée par un seul individu vendredi à Oslo bat quelque peu en brèche ce modèle. Evidemment, les valeurs fondamentales norvégiennes (les mêmes que l’on retrouve chez ses seuls voisins scandinaves ou nordiques) perdureront, bien au-delà de ce massacre. Mais quelques ajustements s’imposent.

Les pays scandinaves ont poussé le concept de démocratie au point le plus élevé possible en ce début de XXIe siècle, symbolisé, notamment, par la proximité des gouvernants pour le peuple. Un Premier ministre suédois avait été assassiné en 1986 devant un cinéma, sans que cela ne change les mentalités si ouvertes de ces peuples que l’on réduit beaucoup trop souvent à la froideur de ses habitants. Mais beaucoup craignent que la sécurité ne devienne un champ d’action majeur des gouvernants.

On parle de plus en plus de la poussée des partis d’extrême-droite dans ces pays où l’immigration croît, sans pour autant atteindre des pourcentages semblables à ceux des pays d’Europe du Sud, par exemple. Un multiculturalisme dénoncé par le principal accusé, tout comme l’islamisation du pays. Mais que faire face au fanatisme de certains, obnubilés par ce qu’ils considèrent comme des plaies nuisant à leur pays ? Pas grand chose, malheureusement. Les pays occidentaux font du terrorisme islamiste la principale menace pouvant venir de l’étranger. Mais prévenir les actes isolés, parfois guidés par des thèses fondamentalistes chrétiennes, s’avérerait officiellement antipopulaire.

Et chaque tuerie (notamment en Finlande) relance le débat sur le libre port des armes à feu par les citoyens. Cependant, comme aux Etats-Unis, le libertarisme est si poussé dans les pays d’Europe du Nord que ce serait un « crime » de retirer l’une des composantes de l’identité individuelle de ces pays. Voilà donc des mois difficiles que se prépare à vivre la Norvège, après ces deux chocs successifs : le choc de l’attaque, et le choc de savoir que celle-ci n’a pas été l’acte d’un terroriste, mais bien de l’un d’entre eux. Et les prochaines élections seront certainement marquées par des débats sur l’immigration, qui a triplé depuis quinze ans, faisant penser à certains que le système économique et les avantages sociaux de la Norvège sont en péril. Comme quoi, même la Norvège a un problème avec l’immigration…

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